La mort brutale de trois soldats des Forces Armées d’Haïti (FAd’H) à Kenscoff, ce 20 avril 2025, est une tragédie évitable qui met en lumière l’échec total des autorités à garantir la sécurité de leurs propres forces. Ce drame n’est pas seulement une attaque contre nos militaires, mais un affront à l’État haïtien lui-même, incapable de protéger ceux qui se battent pour défendre ses institutions.
Ces gangs, bien qu'armés et organisés, ne disposent pas de moyens militaires sophistiqués. Ce sont des groupes criminels qui exploitent la faiblesse structurelle et l'absence de stratégie sécuritaire cohérente. En les laissant prendre le dessus dans des zones stratégiques comme Kenscoff, l’État ne fait qu’aggraver l’impression d’abandon ressenti par les citoyens et les forces armées.
Les militaires envoyés en mission n'ont même pas les ressources de base : des véhicules blindés, des équipements modernes ou des communications efficaces. Cela reflète un grave problème de gestion des ressources et un manque flagrant de volonté politique pour renforcer nos institutions de défense. Pendant ce temps, les autorités se contentent de déclarations de circonstances, d’hommages posthumes et de journées de deuil qui ne changent rien à la situation sur le terrain.
Comment expliquer que, dans une région à risque comme Kenscoff, les forces armées ne bénéficient pas d’un minimum de soutien tactique ? Cette incompétence met inutilement des vies en danger et laisse le champ libre aux bandes criminelles qui n'ont même pas besoin de technologies avancées pour semer la terreur.
La responsabilité ne peut pas seulement être attribuée à l'absence de moyens matériels. C’est un problème systémique : un manque de leadership, une coordination inefficace entre les institutions de sécurité, et l'inaction face à une crise qui ne fait que s’aggraver. Les soldats ne sont pas des martyrs : ce sont des hommes et des femmes qui méritent que leur vie soit protégée par l’État qu’ils servent.
Il est temps pour le gouvernement d’arrêter de fuir ses responsabilités et de prendre des mesures concrètes. La modernisation des FAd’H, la mise en place d’une stratégie nationale de sécurité et une réelle collaboration avec les partenaires internationaux ne sont plus des options ; ce sont des impératifs.
Sans un sursaut rapide et décisif, le sacrifice de ces soldats ne restera qu’une tragédie parmi d'autres dans une longue liste d'échecs d’un État qui trahit ses propres défenseurs. Combien de temps encore l’inaction des autorités sera-t-elle tolérée ?