Presque dix ans sans élections, des dirigeants fuyants ou complices, une jeunesse prise en otage, un pays désarticulé. Haïti s’enfonce lentement dans une spirale où l’insécurité n’est plus un phénomène ponctuel, mais une réalité quotidienne. À la question « Quand viendra la délivrance ? », les réponses varient entre silence résigné, colère contenue ou cynisme douloureux. Mais le constat, lui, est unanime : Haïti vit une descente aux enfers.
Insécurité généralisée : le pays pris en otage
Aujourd’hui, près de 80 % de la capitale est sous le contrôle de gangs armés. Les enlèvements sont devenus monnaie courante, les assassinats aussi. Les citoyens vivent dans la peur constante. Circuler librement est devenu un luxe. Les zones autrefois animées sont désormais désertées ou transformées en territoires interdits.
Les forces de l’ordre, sous-équipées ou infiltrées, peinent à assurer leur mission. Et l’État, lui, observe, impuissant ou complice.
Injustice, impunité et corruption : les piliers d’un système défaillant
À quoi sert une justice qui ne protège pas les victimes, mais excuse les bourreaux ? À quoi sert un gouvernement sans légitimité, reconduit par la force plutôt que par les urnes ? Depuis bientôt une décennie, aucune élection n’a été tenue en Haïti. Le Parlement est dysfonctionnel, les institutions sont paralysées. Et pendant ce temps, la corruption gangrène ce qui reste de l’appareil d’État.
Les rapports de la Cour des comptes, les dénonciations citoyennes, les scandales publics : tout finit dans l’oubli. L’impunité n’est plus une anomalie, elle est devenue la norme.
Un peuple privé des services les plus fondamentaux
L’accès à la santé est un parcours du combattant. Les hôpitaux publics sont à l’agonie : pas de matériel, pas de personnel, pas de médicaments. Des femmes accouchent dans les couloirs. Des enfants meurent de maladies évitables. Et pendant ce temps, les élites se font soigner à l’étranger.
L’eau potable est rare, l’électricité intermittente, les routes impraticables, les écoles abandonnées. Pour des millions d’Haïtiens, les services de base sont soit absents, soit hors de portée.
Et pourtant… Haïti ne meurt pas
Malgré tout, le pays résiste. Dans les quartiers populaires, des mères nourrissent leurs enfants avec presque rien. Des jeunes organisent des débats, des formations, des mouvements de solidarité. Des agriculteurs s’acharnent à faire pousser la vie dans un sol abandonné. Cette résistance silencieuse, ignorée des caméras, est peut-être la graine de la délivrance à venir.
La délivrance ne viendra pas d’ailleurs
Il faut cesser d’attendre un sauveur, une mission internationale, un miracle politique. La délivrance ne sera ni imposée ni improvisée. Elle ne viendra que lorsque les Haïtiens reprendront en main leur destin collectif. Cela commence par la réhabilitation des institutions, par le retour à l’État de droit, par une réforme sérieuse de la justice et par la lutte réelle contre la corruption.
Cela commence aussi par la mémoire, la vérité, et l’engagement sans calcul.
Une délivrance à construire, pas à attendre
Haïti peut encore se relever. Mais pour cela, il faut briser les chaînes de l’indifférence, restaurer la confiance, exiger des comptes, bâtir la solidarité. La délivrance n’est pas un mot à prononcer en prière, c’est un chemin à tracer dans la souffrance, la vérité et l’action.
Et toi, Haïtien, es-tu prêt à marcher vers elle ?