La crise sécuritaire qui frappe Mirebalais depuis des mois ne cesse de s’aggraver, mettant en lumière non seulement l’incapacité de l’État à protéger ses citoyens, mais aussi son inaction face aux besoins fondamentaux des habitants touchés par cette violence. En plus des attaques des groupes armés et des déplacements forcés qu’elles engendrent, un autre drame se joue dans le silence : l’absence totale d’accompagnement pour ces populations abandonnées à leur sort.
Alors que des milliers de familles fuient leurs maisons, terrorisées par les incursions des gangs, aucune structure d’accueil digne de ce nom n’a été mise en place. Pas de centres temporaires pour héberger les déplacés, pas de distribution systématique de nourriture ou d’eau potable, et encore moins d’assistance psychologique pour les victimes traumatisées par cette spirale de violence. Les promesses d’intervention se multiplient, mais sur le terrain, ce sont les habitants eux-mêmes qui improvisent des solutions de survie, souvent dans des conditions indignes.
Prenons l’exemple de Mirebalais, où des villages entiers ont vu leurs habitants fuir dans les montagnes ou vers d’autres localités. Là encore, l’absence de coordination gouvernementale laisse le champ libre à l’amplification des crises : les déplacés deviennent des réfugiés internes sans ressources ni soutien, confrontés à la faim, aux maladies et à l’incertitude de savoir quand – ou si – ils pourront rentrer chez eux.
Dans cet abandon manifeste, l’État semble confondre annonces et actions. Déployer des forces de police ou des militaires dans la zone, sans pour autant désarmer les groupes armés ou sécuriser les axes principaux, relève davantage d’une opération médiatique que d’une véritable stratégie de stabilisation. Mais là où l’État échoue le plus gravement, c’est dans sa capacité à répondre aux besoins élémentaires des populations affectées par cette crise.
Il est insupportable de constater que dans un pays déjà en proie à de profondes inégalités, ceux qui perdent tout – maisons, terres, proches – n’ont même pas droit à une aide d’urgence. Les rares organisations locales ou internationales qui interviennent ne peuvent combler le vide laissé par un gouvernement absent.
Agora Presse tient à rappeler qu’il ne suffit pas de restaurer un semblant d’ordre sécuritaire pour résoudre la crise. Une réponse humanitaire immédiate est impérative. Cela inclut la création de centres d’hébergement temporaires, un soutien logistique et médical pour les déplacés, ainsi qu’une stratégie à long terme pour la réintégration des familles dans leurs communautés. Sans un tel plan d’accompagnement, l’État condamne une fois de plus ses citoyens à l’errance et à la souffrance.
En abandonnant les victimes de cette insécurité, l’État haïtien abdique non seulement ses responsabilités, mais aggrave également le fossé qui sépare le pouvoir de la population. Mirebalais n’est pas un cas isolé. C’est le miroir d’un pays qui vacille, incapable de répondre à ses propres défis. Il est temps que les dirigeants haïtiens prennent la pleine mesure de cette tragédie et agissent, non par paroles, mais par des actes concrets et tangibles.