La crise migratoire qui frappe les Haïtiens en République dominicaine est avant tout un cri d’alarme contre l’incapacité de l’État haïtien à protéger ses propres citoyens. Les récits des rapatriés, marqués par des violences physiques, des abus sexuels et des conditions de vie inhumaines, révèlent une réalité désolante : Haïti a abandonné son peuple.

Face à cette tragédie, l’État haïtien brille par son absence. Ses institutions dysfonctionnelles, gangrenées par la corruption et l’incompétence, laissent des milliers de citoyens sans aucune protection, exposés à l’arbitraire des autorités dominicaines. Comment expliquer qu’en 2025, des Haïtiens soient contraints de fuir leur propre pays, au risque de leur vie, pour espérer une existence à peine plus tolérable ailleurs ? Cette situation n’est rien d’autre que la conséquence d’un État qui a renoncé à son rôle fondamental.

La République dominicaine, certes coupable de nombreuses exactions, ne peut porter seule la responsabilité de cette crise. Il est vrai que les pratiques de certains agents d’immigration dominicains, comme les abus sexuels et les expulsions arbitraires, sont révoltantes. Mais pourquoi les citoyens haïtiens se retrouvent-ils en première ligne de ces abus ? Parce que leur propre gouvernement ne leur offre aucune alternative. L’État haïtien a failli. Ses dirigeants, au lieu de garantir un avenir à leur peuple, se contentent de discours vides et d’inaction criminelle.

La responsabilité de l’État haïtien est d’assurer la sécurité et la dignité de ses concitoyens, qu’ils soient sur son territoire ou à l’étranger. Cela passe par la création d’opportunités économiques, l’accès aux soins, à l’éducation et à des services de base. Cela passe aussi par une diplomatie active pour défendre les droits des Haïtiens à l’extérieur. Mais où sont ces efforts ? Où est la volonté politique ? En l’absence d’initiatives concrètes, les Haïtiens continueront de partir, poussés par le désespoir et trahis par leurs propres dirigeants.

Les autorités haïtiennes doivent cesser de détourner les yeux et prendre enfin leurs responsabilités. Elles doivent établir des mécanismes d’accueil dignes pour les rapatriés, négocier avec la République dominicaine pour garantir des conditions de traitement humain à ses citoyens, et surtout, créer un environnement où les Haïtiens n’auront plus besoin de fuir leur pays.

L’abandon des citoyens haïtiens par leur propre État est un scandale moral et politique. Il est temps que les dirigeants haïtiens se souviennent que leur mandat est de servir, non de détruire. Car un État qui laisse ses citoyens souffrir et mourir n’est plus un État, mais une machine d’oppression.

Les Haïtiens méritent mieux. Mais pour cela, il faut un réveil immédiat de ceux qui prétendent les gouverner.