Le 18 mai 1803, à l’Arcahaie ville aujourd’hui presque ignorée par les autorités , les chefs de la révolution haïtienne, Jean-Jacques Dessalines et Alexandre Pétion, unissaient leurs forces pour créer un symbole fort : le drapeau haïtien. Né de la volonté de vivre ensemble ce drapeau bleu et rouge incarnait l’union de deux groupes jadis opposés, ralliés autour d’une seule cause : l’indépendance.
Deux cent vingt-deux ans plus tard, Haïti commémore toujours cette date fondatrice. Mais dans quelles conditions ? En 2025, la Fête du drapeau ne peut même pas être officiellement célébrée à l’Arcahaie, son berceau historique. L’État, affaibli par l’insécurité et paralysé par l’impuissance institutionnelle, est contraint de se replier au Cap-Haïtien pour marquer cette journée symbolique.
Ce déplacement en dit long. Il illustre un malaise profond : comment un pays peut-il honorer un symbole d’unité nationale alors que l’État fuit les zones qu’il devrait protéger ? Comment célébrer l’union quand les citoyens vivent dans la peur, l’instabilité et l’exclusion ?
La question s’impose avec acuité : Haïti peut-elle encore changer avec un État aussi défaillant ?
La réponse se trouve peut-être dans un autre viv ansanm, non plus symbolique, mais concret : une coalition réelle entre la société civile, la jeunesse, la diaspora et les acteurs politiques sincères. Une volonté collective de reconstruire l’État et de redonner sens aux symboles censés nous unir.
Le drapeau haïtien n’est pas qu’un morceau de tissu cousu à l’Arcahaie. Il est le rappel puissant de ce que nous pouvons accomplir lorsque nous faisons le choix de l’unité. Mais sans action, il ne restera qu’un souvenir glorieux dans un pays à la dérive.