Haïti s’enfonce chaque jour davantage dans le chaos, et l’incapacité de l’État à répondre à la crise actuelle est devenue alarmante. En l’espace d’un mois, plus de 60 000 personnes ont été forcées de quitter leur foyer pour échapper à une violence généralisée. Ce chiffre, fourni par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), reflète une situation où l’État semble absent, laissant les gangs armés imposer leur loi.
La capitale, Port-au-Prince, est devenue le symbole de cette déchéance. Les quartiers jadis animés sont désormais contrôlés par des criminels, tandis que les habitants vivent dans une peur constante. Les déplacements massifs de population s'accompagnent de conditions de vie déplorables pour les déplacés, qui n’ont accès ni à des abris adéquats ni à des ressources essentielles. L’État, lui, reste immobile face à cette détresse.
L’effondrement de l’État est manifeste à travers l’impuissance des forces de l’ordre. La Police nationale d’Haïti, sous-équipée et souvent infiltrée par des éléments corrompus, est incapable de contenir les gangs. Pendant ce temps, le gouvernement multiplie des promesses vagues, sans jamais mettre en œuvre des mesures concrètes pour sécuriser le territoire.
La situation a aussi paralysé l’éducation, un secteur vital pour l’avenir du pays. Des écoles prestigieuses comme le Collège Saint François d’Assise, le Collège Roger Anglade et l’Institution Saint Louis de Gonzague ont été contraintes de fermer leurs portes. Certaines entités de l’Université d’État d’Haïti (UEH), telles que l’Institut National d'Administration, de Gestion et des Hautes Etudes Internationales (INAGHEI), l'Institut des d'Études et de Recherches Africaine d'Haïti (IERAH/SERSS), La faculté des sciences humaines (FASCH), ont également suspendu leurs activités. Cette paralysie met en péril l’éducation de milliers de jeunes, compromettant leurs perspectives d’avenir.
Les ONG, pilier de l’aide humanitaire, subissent aussi les répercussions de cette violence. Médecins Sans Frontières (MSF) a suspendu certaines de ses opérations après l’attaque de deux ambulances. Ces événements, qui auraient dû susciter une réaction ferme de l’État, ont été accueillis dans un silence assourdissant des autorités. Cet abandon des acteurs humanitaires compromet l’accès aux soins pour des milliers de personnes.
Le gouvernement semble opérer dans une déconnexion totale par rapport à la réalité du terrain. Pendant que des familles entières fuient leurs maisons et que les institutions s’effondrent, les dirigeants restent figés, multipliant des déclarations sans effet. Ce manque d’action traduit un mépris profond pour les besoins urgents de la population.
La communauté internationale joue un rôle indispensable dans la réponse à cette crise, mais elle ne peut pas remplacer un État fonctionnel. Les autorités haïtiennes doivent prendre leurs responsabilités en mettant en place des stratégies claires pour désarmer les gangs, protéger les populations et restaurer l’ordre.
La crise actuelle ne se limite pas à des violences passagères : elle révèle une défaillance systémique de l’État. En ne prenant pas les mesures nécessaires, les dirigeants haïtiens mettent en péril non seulement le présent, mais aussi l’avenir du pays.
Il est urgent de reconstruire les institutions publiques pour répondre aux besoins des citoyens. Cela passe par la relance des écoles, la sécurisation des zones sensibles et le rétablissement des services de base. Sans ces actions, le pays risque de sombrer définitivement dans le chaos.
Face à cette crise, le peuple haïtien fait preuve d’une résilience extraordinaire. Mais cette résilience ne peut suffire si elle n’est pas soutenue par une gouvernance efficace. Il est temps pour l’État haïtien d’assumer ses responsabilités et de prouver qu’il peut encore protéger et servir son peuple.